A propos… des émotions
Que nous disent nos émotions ? Comment en faire des alliées, qu’elles soient de prime abord positives ou négatives ? Après la colère, Florent Pennuen, Coach et Consultant executive search chez Grant Alexander, nous invite à voyager au pays de la joie.
« La joie annonce toujours que la vie a réussi, qu’elle a gagné du terrain. » Henri Bergson
Joie !!! De quoi nous parle cette émotion qui transcende la simple notion de plaisir, lui fugace, léger, souvent éphémère, peu ancré ? Le plaisir, une sensation primaire, agréable, volatile, qui parfois nous grise jusqu’à nous éloigner de notre but. Là où nous nous regardons satisfait de nous-même alors que nous sommes encore en chemin.
Joie et plaisir, s’il ne faut pas les opposer absolument, ne parlent ni ne renvoient à la même chose au fond de soi. La joie est un ancrage, une vérité profonde, qui, contrairement au plaisir, n’a que peu à faire des circonstances extérieures.
La joie nous parle de nous et de notre rapport à l’autre et au monde.
A l’instar de la colère, la joie nous parle de nous et de notre rapport à l’autre et au monde. De notre capacité à accepter d’être traversé par une émotion, quelle qu’en soit la nature, qu’elle soit heureuse ou malheureuse, positive ou négative, parfaitement éphémère ou profondément ramifiée. Colère, joie, peur, tristesse : souvent notre méconnaissance de nos émotions amplifiée par cet oukase de vouloir les contrôler nous en éloigne, particulièrement lorsqu’elles pourraient être “grattantes”. Cette volonté assez commune de mettre à distance nos émotions mène bien souvent à leur évitement, et au cortège de dysfonctionnements comportementaux qui s’en suit.
Accepter ses émotions, les laisser nous traverser, les accueillir, les comprendre puis les laisser glisser ou les transformer, voilà qui peut nous rendre intrinsèquement plus forts. En nous évitant les comportements protecteurs ou déviants ou fragilisants : quête du pouvoir, comparaison ou dépendance à autrui, faux semblants,… La série de masques ou de postures sociales qui en découle est infinie (le paraître, la course au faire, l’image de l’homme/de la femme pressé/e, le statut social,…), tous stratagèmes de survie ou de force feinte, souvent guère favorables à l’épanouissement.
Et la joie dans tout ça ?
La joie renvoie à l’être. A sa profondeur. A des facteurs intrinsèques. A notre capacité à faire avec toutes les facettes de la vie. A composer avec tous les éléments, à les transcender, au sens où la vie est joie intérieure.
Différemment du bonheur, dont elle peut faire le lit, lui interdépendant des événements, du contexte, des épreuves, la joie dispose de cette étrangeté de pouvoir cohabiter avec des éléments dramatiques, de souffrances de la vie. Autoriser cette émotion à surgir en toute circonstance, c’est créer le terreau d’une posture heureuse dans le monde.
Serait-elle l’émotion porteuse des autres ?
Elle me fait penser au Phare allumé en pleine mer. Un repère. Posé, là. Indifférent aux éléments et à leur nature. Présent. Serein. La joie autorise le fait d’apprécier notre rapport au monde, d’être là tout en étant confronté à une tempête, au calme, voire au rien. Juste être, là. En mesurer la force.
La joie nous ramène à notre capacité à cultiver ce qui l’alimente, à la cohérence de nos actions, à notre aptitude à aller vers ce qui raisonne en nous dans tous ces petits moments de notre quotidien dont la somme fait le sens d’une vie. En quelque sorte le « sel de la vie », cher à Françoise Héritier.
C’est en général parce que nous acceptons d’être traversés par elle que l’accès à la joie s’opère.
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Florent Pennuen – avril 2019
florent.pennuen@grantalexander.com