La tristesse, une émotion en creux

A propos… des émotions

 

Que nous disent nos émotions ? Florent Pennuen, Consultant Executive Search et Coach chez Grant Alexander, nous propose de boucler un petit tour du monde de soi-même à la découverte de ses émotions, par un dernier volet consacré à la tristesse.

 

 

« Souvenons-nous que la tristesse seule est féconde en grandes choses. » Ernest Renan

 

Pour clore ce voyage autour des émotions, je vous propose de voguer un moment avec la tristesse.

De la regarder, l’observer, la ressentir…

Comment s’appuyer sur elle ? Comment faire avec et pas contre ? Comment oser s’en nourrir, ne pas la dissimuler ? Comment accepter ce à quoi elle nous renvoie et ce vers quoi elle nous ouvre ? Ce vaste saut vers nos zones les plus enfouies, vers nous-même. Glissons nous ensemble dans la douceur de cette émotion, si singulière, qui témoigne spécifiquement de notre humanité.

 

La tristesse se déploie à la confluence de la joie, de la colère et de la peur, émotions auxquelles elle s’associe souvent volontiers.

La tristesse circule en nous comme un courant sourd.

 

Elle nous saisit sans crier gare, de manière parfois inattendue. Loin des émotions vives et brutales que sont la colère et la peur, moins radicale qu’elles, moins explosive que la joie, d’une autre nature, lui faisant parfois contrepied, elle œuvre en sourdine. La différence avec les autres émotions tient aussi dans le fait que la tristesse se doit d’être contenue. Rentrée. La tristesse pourrait exprimer une difficulté, une impossibilité à dire sa peur ou sa colère. Une espèce de fuite. « Douce », mais pas moins problématique. Car globalement, elle est soustraite au réel.

Elle se languit. Elle nous rend las. Elle grignote notre capacité à agir et à agir sur. Altère notre avenir. Elle se drape parfois d’un état mélancolique. S’habille de chagrin.

Sa manifestation reçoit le courroux de notre société. La tristesse est inacceptable socialement ! Dans un environnement tyrannique où trône l’absolue de la pensée positive, du sourire éclatant, de l’obsession de la réjouissance, paradoxalement, la colère serait plus admise. Elle fait partie de notre Histoire. De l’inconscient de tous. Malgré son potentiel délétère.

 

La tristesse est l’émotion condamnée à se taire.

 

Nous la libérons, parfois, seul, dans le noir, au travers d’un prétexte, d’une image, d’une scène, d’une lecture. Ou tout simplement à un moment où nous lâchons prise, à notre insu. Voire même sous l’effet-prétexte d’une joie qui inonde et transite parfois par les larmes. Ainsi il m’arrive de la recevoir lors de séances de coaching. Lorsque mon interlocuteur coaché s’y autorise, sous le sceau de la confiance, du climat de bienveillance, de l’empathie, de la profondeur de l’écoute, de l’accueil des mots…. Certes avec pudeur. Avec une forme de retenue. Avec la surprise aussi d’être accueilli par l’Autre. In fine, la tristesse est puissance en ce qu’elle nous tend à décortiquer, à détricoter, à dénouer nos affects emmêlés. A quoi peut-elle nous renvoyer de si troublant ?

 

« Pleurer a toujours été pour moi un moyen de sortir les choses profondément enfouies. Quand je chante, je pleure souvent. Pleurer, c’est ressentir, c’est être humain. » Ray Charles

 

La tristesse nous cueille sur la perte, l’abandon, sur l’acte originel de se détacher, sur l’absence, sur la relation à l’égo, l’autonomie interne face au monde. Sur la place du principe de la vie : qui est éphémère et dont la fin survient sans contrôle. La tristesse nous frappe parfois au travers d’un tiers. Ce n’est pas tant lui qui occasionne la tristesse mais davantage ce que cela éveille en nous. Qu’est-ce que nous avons perdu de nous-même? Quel est cet objet qui nous cisaille à ce moment ? Comment avancer et vivre avec cette finitude des choses ? Oser ouvrir cette porte, c’est certainement  cheminer au plus près de soi. C’est approcher d’une certaine forme de vérité de soi. Or, bien souvent, nous l’écartons par le déni, creusant ainsi le sillon de notre vulnérabilité. La nudité que nous éprouvons dans ces moments de solitude face à soi-même, ouvrons lui les bras, cajolons-la, recevons-la comme une force qui se tisse d’une certaine émotivité, une sensibilité brute, une fragilité d’éprouver, d’accepter d’être traversé par ce qui advient là.

 

 

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La peur, cours après moi…

 

Florent Pennuen – septembre 2019

florent.pennuen@grantalexander.com

 

La peur, cours après moi…

A propos… des émotions

 

Que nous disent nos émotions ? Après la joie et la colère, nous abordons les rivages brumeux de la peur, à la recherche de ses sources et de ses lumières. Avec Florent Pennuen, Consultant Executive Search et Coach chez Grant Alexander.

 

 

« Ce n’est pas en regardant dans la lumière que l’on devient lumineux mais en plongeant dans son obscurité. » Carl Jung

 

La peur, une émotion que nous craignons ! Et si nous apprenions à l’aimer ?

Car elle est salvatrice. D’un point de vue des réflexes primaires, elle est là pour nous protéger.

Et lorsque la peur d’être soi s’estompe, lorsque nous nous rebranchons à nous-même, nous n’avons plus peur d’ETRE. Nous nous sentons vivant avec ce que l’on est.

 

Face à un véritable danger, la peur a un rôle de sauvegarde.

 

Elle fait intervenir le cerveau reptilien, ou cerveau archaïque, qui met en œuvre nos instincts de base pour nous protéger. Si nous détectons un potentiel danger, notre corps entre dans un « état d’anxiété » et met en œuvre les moyens nécessaires pour accélérer notre système de défense physique ainsi que notre état émotionnel et mental pour pouvoir y faire face. L’adrénaline et la noradrénaline préparent notre corps pour lutter ou pour fuir. Que l’on choisisse d’affronter ou de fuir la cause de sa peur, nous avons besoin de cette énergie supplémentaire générée par le surplus d’adrénaline que le corps produit.

Si l’on monte d’un cran dans le système cérébral pour s’intéresser au cerveau limbique, on trouve le centre physiologique des émotions dans lequel domine l’affectivité. Sa fonction essentielle est la survie par une bonne adaptation à l’environnement social : empathie, statut social, intégration à un groupe, convictions et croyances, sentiment de sécurité… C’est aussi le lieu des mécanismes de motivation, réussites et échecs, plaisir et déplaisir… C’est là que nous humains pouvons trouver à gérer nos émotions, et notamment la peur, pour en faire un outil de développement.

 

Car loin d’être un handicap, la peur est un outil.

 

Charge à chacun d’apprendre à l’aimer, à la comprendre, pour la « contrôler » en douceur. Et en faire une alliée. Entre les faisceaux de sa fonction primaire de sauvegarde et de sa fonction sociale de protection se dessine une fonction conséquente : celle de la connaissance de soi et d’un développement induit. Alors que se cache-t-il derrière cette émotion que nous aurions à apprendre de nous-même ?

La peur peut nous aider à prendre conscience de nos désirs, car derrière toute peur il y a un désir caché. Pour le découvrir, demandons-nous ce que nous dit la peur, ce que nous craignons de ne pas avoir, de ne pas pouvoir faire ou plus encore de ne pas pouvoir être. La réponse que nous apporterons à cette question nous indiquera ce que nous désirons, et par-dessus tout, ce dont nous avons véritablement besoin, l’« être », ce qui est bien évidemment fondamental en matière de développement personnel.

 

La peur peut nous amener à dépasser certaines de nos limites, à condition toutefois de passer par l’étape de l’acceptation.

 

Accueillir sa peur ne signifie pas être d’accord avec elle ni même la comprendre. Mais cela peut nous permettre de la décoder. Quand on a peur, on est dans le noir ; quand on accueille une situation, on est dans la lumière. C’est cette lumière qui permet alors de voir certaines choses. Une fois la peur acceptée, on peut y faire face et accéder à de nouveaux potentiels de capacités et de forces que nous ignorions jusqu’ici.

 

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La colère, une émotion à apprivoiser

La joie, terre de bonheurs

 

Florent Pennuen – août 2019

florent.pennuen@grantalexander.com

La joie, terre de bonheurs

A propos… des émotions

 

Que nous disent nos émotions ? Comment en faire des alliées, qu’elles soient de prime abord positives ou négatives ? Après la colère, Florent Pennuen, Coach et Consultant executive search chez Grant Alexander, nous invite à voyager au pays de la joie.

 

 

« La joie annonce toujours que la vie a réussi, qu’elle a gagné du terrain. » Henri Bergson

 

Joie !!! De quoi nous parle cette émotion qui transcende la simple notion de plaisir, lui fugace, léger, souvent éphémère, peu ancré ? Le plaisir, une sensation primaire, agréable, volatile, qui parfois nous grise jusqu’à nous éloigner de notre but. Là où nous nous regardons satisfait de nous-même alors que nous sommes encore en chemin.

Joie et plaisir, s’il ne faut pas les opposer absolument, ne parlent ni ne renvoient à la même chose au fond de soi. La joie est un ancrage, une vérité profonde, qui, contrairement au plaisir, n’a que peu à faire des circonstances extérieures.

 

La joie nous parle de nous et de notre rapport à l’autre et au monde.

 

A l’instar de la colère, la joie nous parle de nous et de notre rapport à l’autre et au monde. De notre capacité à accepter d’être traversé par une émotion, quelle qu’en soit la nature, qu’elle soit heureuse ou malheureuse, positive ou négative, parfaitement éphémère ou profondément ramifiée. Colère, joie, peur, tristesse : souvent notre méconnaissance de nos émotions amplifiée par cet oukase de vouloir les contrôler nous en éloigne, particulièrement lorsqu’elles pourraient être “grattantes”. Cette volonté assez commune de mettre à distance nos émotions mène bien souvent à leur évitement, et au cortège de dysfonctionnements comportementaux qui s’en suit.

Accepter ses émotions, les laisser nous traverser, les accueillir, les comprendre puis les laisser glisser ou les transformer, voilà qui peut nous rendre intrinsèquement plus forts. En nous évitant les comportements protecteurs ou déviants ou fragilisants : quête du pouvoir, comparaison ou dépendance à autrui, faux semblants,… La série de masques ou de postures sociales qui en découle est infinie (le paraître, la course au faire, l’image de l’homme/de la femme pressé/e, le statut social,…), tous stratagèmes de survie ou de force feinte, souvent guère favorables à l’épanouissement.

Et la joie dans tout ça ?

 

La joie renvoie à l’être. A sa profondeur. A des facteurs intrinsèques. A notre capacité à faire avec toutes les facettes de la vie. A composer avec tous les éléments, à les transcender, au sens où la vie est joie intérieure.

 

Différemment du bonheur, dont elle peut faire le lit, lui interdépendant des événements, du contexte, des épreuves, la joie dispose de cette étrangeté de pouvoir cohabiter avec des éléments dramatiques, de souffrances de la vie. Autoriser cette émotion à surgir en toute circonstance, c’est créer le terreau d’une posture heureuse dans le monde.

 

Serait-elle l’émotion porteuse des autres ?

 

Elle me fait penser au Phare allumé en pleine mer. Un repère. Posé, là. Indifférent aux éléments et à leur nature. Présent. Serein. La joie autorise le fait d’apprécier notre rapport au monde, d’être là tout en étant confronté à une tempête, au calme, voire au rien. Juste être, là. En mesurer la force.

La joie nous ramène à notre capacité à cultiver ce qui l’alimente, à la cohérence de nos actions, à notre aptitude à aller vers ce qui raisonne en nous dans tous ces petits moments de notre quotidien dont la somme fait le sens d’une vie. En quelque sorte le « sel de la vie », cher à Françoise Héritier.

C’est en général parce que nous acceptons d’être traversés par elle que l’accès à la joie s’opère.

 

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Florent Pennuen – avril 2019

florent.pennuen@grantalexander.com

 

La colère, une émotion à apprivoiser

A propos… des émotions

 

Que nous disent nos émotions ? Florent Pennuen, Consultant Executive Search et Coach chez Grant Alexander, nous propose un voyage en leur compagnie pour mieux les décoder, les apprivoiser et en tirer profit. Aujourd’hui, accostage en pays tempétueux… avec la colère.

 

 

« La colère est comme une avalanche qui se brise sur ce qu’elle brise. »  Sénèque

 

Je souhaite rebondir sur cette photo prise au Théâtre du Rond-Point un samedi après-midi du mois d’avril. Elle met en perspective Éric Cantona (footballeur, acteur) et François Cheng (académicien, poète, écrivain, conteur), aux prises avec les maux intérieurs.

Avec toutes leurs différences, ces deux Hommes ont chacun été confrontés à leurs propres raisins de la colère. Chacun en a fait avec le temps quelque chose.

 

On ne dompte pas la colère avec des intentions, on parvient à la transformer, grâce à l’écoute de soi, la patience, le temps.

 

La colère nous donne beaucoup à apprendre sur nous-même, à condition de savoir l’entendre quand elle surgit.  Ce chemin, si on choisit de l’emprunter, est un beau et  réel travail, un tour du monde de soi-même.

Le  témoignage de ces deux Hommes dans leurs particularités m’apparaît comme un symbole. Indépendamment du parcours de vie, chacun peut avoir en soi un terreau où la colère aura toutes les raisons de vouloir sortir. La différence n’est pas tant dans ce terreau et son épaisseur que dans notre manière de se confronter aux sources de notre colère. Et de pouvoir en faire quelque chose. Le chemin de vie semé d’obstacles de François Cheng, et ce qu’il a su en retirer d’introspection et de paix, illustre bien cette décorrélation entre le poids des maux rencontrés et le degré de colère engendrée… ou son corollaire : la capacité à dompter (ou pas) cette colère.

Le parcours de messieurs Cantona et Cheng au pays de la colère et de l’apaisement ouvre une fenêtre avec vue sur une espérance : celle de notre nécessité de transcender individuellement et collectivement notre colère peu féconde tant qu’elle est subie.

 

Que nous dit notre colère de notre confiance en nous, de notre estime de nous, en somme de notre assertivité ou plus exactement de son manque ?

 

Elle nous engage à visiter la voix de la confiance et de l’apaisement pour trouver la force. L’apaisement, un chemin à emprunter, qui n’enlève rien aux sources de cette colère mais lui donne une autre portée, transformée en moyen de progresser, de grandir, et non plus en moyen de blesser, d’abîmer, et au final de s’abîmer.

 

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Florent Pennuen – avril 2019

florent.pennuen@grantalexander.com

Athlete Thinking Story 1

 

Confiance, Adaptation, Emotions, Ressources, Concentration, Détermination :

ce sont six des neuf dimensions mentales de l’Athlete Thinking® à retrouver dans ce film qui porte un autre regard sur les aventures humaines que sont les missions RH.

Nous allons vous raconter une histoire de mission… premier regard avant d’autres…

 

 

« On pense souvent à tort que lorsqu’on recherche la performance, il n’y a pas de place pour l’empathie. Nous croyons au contraire que prendre soin des individus est un levier majeur d’efficacité dans l’exercice de notre profession. »

 

Pour Grant Alexander, l’Athlete Thinking® est à la fois une philosophie et une méthodologie.

Une philosophie car elle fait partie de notre ADN et guide notre pratique du métier.

Une méthodologie parce qu’elle a donné lieu à la création, avec des coachs sportifs et préparateurs mentaux, d’un outil qui s’intéresse aux 9 dimensions mentales favorables à l’optimisation de la performance.

Nous pensons que la réussite de chacun dépend de sa capacité à atteindre sa zone de performance optimale, tels les sportifs de haut niveau, à condition de favoriser et développer les dimensions mentales propices à cet état d’esprit d’athlète.

Le questionnaire en ligne Athlete Thinking® mesure et étalonne les différentes dimensions mentales des dirigeants, leaders et managers afin d’identifier leurs forces et les accompagner dans leur développement.

 

« L’Athlete Thinking n’est pas la compétition à tout prix. C’est une philosophie qui considère la vie comme une succession d’étapes à franchir dans le plaisir pour se réaliser, se dépasser et s’épanouir. »

 

L’ART de dépasser ses limites

Parole d’athlète : Milène Guermont, artiste & ingénieure, créatrice d’oeuvres polysensorielles interactives

 

Milène Guermont nous présente sa dernière oeuvre interactive, Pyramidion, et nous raconte son approche créative, animée par la recherche d’interaction entre l’homme et l’art, par le challenge de l’oeuvre qui parle, qui voyage et qui en dit plus sur ce que nous sommes.

Merci Milène de nous faire partager cette belle énergie. Comme nous le pensons chez Grant Alexander, on peut être Athlete Minded dans tout univers, et vous l’êtes !

© Milène Guermont/Adagp, Paris 2018

 

Appétence : clé de la performance managériale

Parole d’Athlète : Olivier Lajous, Amiral, ex-DRH de la Marine Nationale

Olivier Lajous nous confie les clés qui selon lui font l’art de diriger, les qualités humaines et mentales qui favorisent la performance et la réussite. Dans cette interview vidéo, il fait un parallèle entre ses parcours et valeurs et les dimensions mentales de la philosophie Athlete Thinking, considérant qu’on ne peut être un bon manager que si l’appétence est au rendez-vous de la compétence.

Après 18 ans dans la Marine, de simple matelot à Amiral, puis DRH de la Marine Nationale, élu DRH de l’année en 2012, Olivier s’intéresse depuis aux questions de management et partage son expérience dans l’univers des entreprises. Consultant, il accompagne les équipes managériales vers les ressorts de la performance.

L’art de diriger – Qu’est-ce qui fait les grands managers ?

A la frontière entre management et commandement, quelles sont les dimensions qui permettent d’optimiser la performance managériale ?

 

Olivier Lajous, consultant et conférencier, a officié pendant 38 ans dans la Marine. Fort de ce parcours où engagement, confiance, courage et humilité se côtoient pour réussir, il intervient auprès des entreprises pour partager avec leurs équipes les clés de la performance des individus et des organisations. Rencontre et échange de points de vue avec Henri Vidalinc, Président de Grant Alexander, autour des dimensions qui font les grands managers.

 

Qu’est-ce qui vous a amenés, chacun à votre manière, à vous intéresser à la performance managériale ?

OL – Durant ma carrière d’officier de marine, de simple marin jusqu’à amiral, j’ai pu observer dans des environnements souvent hostiles et des conditions de discipline particulières, les différents styles de commandement. Les dirigeants les plus marquants ont tous dans leur façon d’être quelque chose d’inspirant, la juste présence, le juste ton, une autorité naturelle. J’ai également acquis la conviction qu’on ne peut réussir qu’en équipe et que l’efficacité managériale est clé.

HV – Avant de me consacrer au conseil RH, j’ai croisé dans mon parcours en entreprises de nombreux managers qui m’ont amené à m’interroger sur ce qui fait la légitimité dans la fonction. Un bon manager sait donner envie à une équipe de le suivre. Il y a dans la fonction managériale une dimension présentielle qui transcende les codes, de l’ordre de l’aura : ce que l’on dégage, ce que l’on projette, et ce indépendamment d’un physique qui en impose. Il faut cultiver la différence. La question est finalement de savoir si ces dispositions peuvent se développer.

 

Selon vous, quelle est la part de l’inné ? Et celle de l’acquis ?

OL – Tout individu se trouve face à une obligation d’être parmi d’autres. L’inné compte bien sûr : un tempérament est issu de composantes génétiques et environnementales. Mais l’acquis ouvre de nombreux possibles pour se dépasser. L’Autre est un moteur de changement et de progression. Plus on est confronté à l’Autre dans l’altérité, plus on sera dans une dynamique de construction et de succès : capacité à aller à la rencontre de la différence, sortir de ses habitudes, aller vers la vie en collectivité, les sports de haut niveau, les environnements extrêmes (mer, montagne, forêt vierge…), etc. La confiance en soi s’ouvre par l’expérience, le challenge, et non uniquement par l’injonction.

HV – Il est important de faire preuve d’humilité pour apprendre. L’ouverture à l’expérience de l’autre permet d’aller vers une meilleure conscience de soi. Plus on connait ses forces et ses faiblesses, plus on est en mesure de progresser. Il est important de se sentir responsable de son destin. Avoir conscience de ses faiblesses permet d’aller chercher les compétences et ressources dont on a besoin. Un bon manager doit également savoir identifier dans une équipe les forces et les faiblesses de chacun.

 

Trouve-t-on des similitudes entre commandement et management ?

OL – Manager et commander sont en réalité les deux facettes d’une même chose -l’art de diriger- qui se conjuguent dans l’espace-temps. Quand on n’est pas dans l’immédiateté opérationnelle, on manage. Le commandement vient naturellement après le management. La légitimité de commander dans le temps rapide de l’action (dire où il faut aller) découle naturellement d’un bon management dans le temps lent de la réflexion (aller vers l’autre). Dans tous les cas, cela repose sur une forme d’autorité naturelle, subtile mélange de savoir-être, de savoir-faire, de savoir-faire-faire et de faire-savoir, pour partager et donner envie.

HV – La notion de préparation est fondamentale. L’autorité naturelle se complète forcément d’une autorité de compétence qui assoit la crédibilité. Mais la bonne nouvelle c’est que les deux se cultivent. Un bon manager doit avoir à la fois du charisme et du fond pour être capable de durer dans le temps. Il est celui qui sait : diplômes, apprentissage, expérience, connaissance du métier, des codes… Et il est celui qui montre/démontre : chez Grant Alexander, nous croyons qu’au-delà des compétences professionnelles et de la personnalité, on peut mesurer et développer les dimensions mentales propices à la réussite (confiance en soi, conscience de soi, de ses équipes, capacité de concentration, gestion de ses émotions, de son environnement, détermination, …). C’est notre philosophie Athlete Thinking.

 

Comment prend place l’autorité naturelle dans le fonctionnement managérial ?

HV – Ce qui incarne le mieux l’autorité naturelle est à mon sens la légitimité dans la décision. Un bon manager doit avoir la capacité à trancher, la prise de décision agile. Pour cela, il faut être prêt à tout moment pour décider quelle que soit la situation. Et pour cela, il faut rester concentré. On en revient au comportement de l’athlète. Celui qui permet d’agir quand il le faut avec toutes ses capacités mobilisées.

OL – Une équipe ne peut réussir qu’avec un chef qui décide. Pour bien préparer la décision, il faut s’entraîner à décider en évitant les règles qui enferment et qui interdisent. Et ne jamais croire qu’il y a une seule façon de répondre à une situation. La bonne réponse vient de l’expérience, elle n’est jamais écrite d’avance. Il faut expérimenter des scénarios. Cela revient à développer la capacité à aller chercher la règle qui va permettre d’être au bon moment dans la bonne réponse. Quand on sait que dans tout choix, il y a une prise de risque, on mesure le besoin de s’éduquer à l’audace. Et de savoir gérer son mental et ses émotions.

 

Savoir gérer son mental et ses émotions au service de la performance peut-il s’éduquer ?

HV – On ne peut ignorer les émotions et l’affect sous prétexte qu’on se trouve dans un contexte professionnel. Un manager doit faire preuve d’humanité, doit être capable de montrer ses sentiments, l’expérience doit permettre de mieux canaliser ses émotions. Le bon manager qui a su gagner la confiance de ses équipes doit accepter de se faire challenger par elles.

OL – Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’armée n’est pas un monde dénué de sentiments. C’est même un cadre propice à l’hyper-émotion. Face à des situations extrêmes, il faut savoir ne pas céder à la panique, à la peur, à la colère. C’est pourquoi il est important de ne pas craindre ses émotions afin de les connaître et de les contrôler, pour savoir les utiliser à bon escient. Vouloir les ignorer c’est prendre le risque de se laisser envahir par elles et de tomber dans la faute. On en revient à la gestion et à l’optimisation des caractéristiques mentales nécessaires à un management efficient. Nous avons tous des dispositions innées mais également une capacité de développement qu’il ne faut pas négliger.

 

– Octobre 2017 –

Henri Vidalinc est Président de Grant Alexander.

Olivier Lajous est consultant et conférencier.

Marin de l’Etat pendant 38 ans, il a commencé sa carrière comme matelot du service national et l’a terminée comme amiral. Il a navigué 16 ans, commandé trois navires et participé à la résolution de nombreux conflits armés des années 1980 à 2003 (Afghanistan, Iran-Irak, Liban, Libye-Tchad, Yémen-Erythrée). Il a été directeur de la communication, directeur du centre d’enseignement supérieur puis directeur des ressources humaines de la marine nationale. Il a également servi en cabinet ministériel, auprès du ministre de l’Outre-mer. Elu DRH de l’année en 2012, il est auteur de « L’Art de diriger ” (éditions L’Harmattan).

Comment ACCEDER à sa zone de performance optimale ?

ATHLETE THINKING :optimiser sa performance grâce à la méthode ACCEDER

 

Véronique Bounaud, Directrice de Grant Alexander Leadership Development et HR Consulting / Intervention au Cercle du Leadership /

Véronique Bounaud revient sur les racines de la réflexion qui a conduit Grant Alexander à développer la méthodologie Athlete Thinking® dans les processus RH, pour mesurer et optimiser les composantes mentales propices à la performance.

 

 

Nous sommes tous des résilients

Parole d’athlète : Michaël Jérémiasz

Merci Michaël de nous faire partager les qualités qui ont fait de vous le champion et l’homme engagé que l’on connaît, entre passion, plaisir, Athlete Thinking, soif de vie et résilience.

Michaël Jérémiasz est Champion multimédaillé de tennis paralympique, Consultant sur les questions de handicap. Il était le porte-drapeau de l’équipe de France aux jeux Paralympiques de Rio 2016.