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“Aujourd’hui, les cadres chassés ont vraiment l’embarras du choix” – Interview d’Alexis Pariset

Alexis Pariset, le directeur régional de Grant Alexander, spécialiste de la “chasse de tête”, a répondu aux questions de Franck bensaid pour le progrès, à l’occasion du salon Solutions RH édition de Lyon qui a lieu du 22 au 23 novembre au Centre des Congrès de Lyon.

 

En cette fin d’année ? Comment se porte le marché du recrutement des cadres ?

« On est sur un marché extrêmement tendu, la demande de recrutements de cadres explose dans tous les secteurs, toutes les activités. Il y a plusieurs effets ciseaux pour expliquer la demande : il y a le rattrapage de 2020, une forte activité accompagnée par les différentes aides de l’État, il y a une demande mondiale boostée, etc. On constate une accélération des projets d’investissement ; l’argent circule, des projets sont financés. Sur l’activité du recrutement des cadres en AURA, on est sur une activité supérieure de + 10 + 20 % par rapport au second semestre 2019. Tous les secteurs d’activité sont concernés. Les cadres spécialisés dans le numérique sont ultra-sollicités, pour accélérer la digitalisation des services, de l’industrie, pour de la sécurité informatique, etc. Aujourd’hui, il y a une pénurie de cadres et je crois que nous avons environ 30 % de candidats en moins par rapport à 2019. Nous sommes très sollicités, mais nos missions de recrutement s’allongent car les bons candidats ont plusieurs sollicitations. Et certains employeurs n’hésitent plus à les rattraper en vol, à leur faire des contrepropositions, leur proposer des évolutions de carrière. Aujourd’hui, les cadres chassés ont vraiment l’embarras du choix. »

Alexis Pariset Consultant Secteur Industriel et Fonctions Support Grant Alexander Lyon

Alexis Pariset, le directeur régional de Grant Alexander, Groupe de services et conseils RH.

En profitent-ils ?

« Il y a deux/trois ans on était sur des augmentations de + 10 %, aujourd’hui les entreprises proposent aux cadres chassés des rémunérations de 15 à 20 % supérieures. Dans des secteurs comme la comptabilité-finance, les salaires s’envolent ; on peut même imaginer des hausses de 50 % sur des profils très recherchés. Les entreprises s’adaptent aussi, bien évidemment, à la flexibilité du travail, font preuve de plus de souplesse car le télétravail, par exemple, est aujourd’hui un élément important dans le processus de décision du cadre. Un cadre qui demande plus d’autonomie, est de plus en plus en quête de sens, se montre très vigilant sur la qualité et l’agilité managériale, et est de plus en plus sensible à la stratégie RSE des entreprises. »

Les entreprises consentent donc plus d’efforts pour recruter coûte que coûte ?

« Elles peuvent effectivement faire plus de concessions que par le passé. Elles font des concessions par rapport aux acquis techniques, l’expertise, dans la mesure où elles vont trouver les soft skills, les compétences comportementales, une capacité d’adaptation, de la cohérence avec l’orientation stratégique de l’entreprise, de l’agilité psychologique, intellectuelle. Dans le process de négociation, les entreprises ont plus de facilité à lâcher du lest aujourd’hui car elles ont besoin d’accélérer leurs transformations. Conscientes des difficultés, elles anticipent leurs recrutements. Aujourd’hui, on observe que le marché est plus accessible aux seniors, que les entreprises sont plus enclines dans un contexte de pénurie des cadres à recruter des quinquagénaires. Elles doivent faire face à la transformation numérique, la transition énergétique, la décarbonation, à l’avènement de l’économie circulaire. »

Propos recueillis par Franck BENSAID pour “Le Progrès”